mardi 2 février 2016

La chandeleur, entre rites païens et gourmandise.

Des crêpes! Des crêpes! Des crêpes! Des crêpes! (à répéter inlassablement).



La chandeleur, c'est ce mot un peu bizarre qui sort d'on ne sait où, qui nous fait aussitôt visualiser des délices sucrés volant dans les airs, nappés de nutella, coulis et autre gourmandises si bon pour le moral, mais si mauvais pour les cuisses.



Mais la chandeleur, qu'est ce que c'est?
Une tradition qui nous donne une bonne raison de nous remplir la panse?
Au même titre que Noël et Pâques, la chandeleur tire son origine de la religion chrétienne.
40 jours après Noël, Jésus est présenté au temple, et Marie est purifiée selon le rite juif.
Voilà, voilà... et les crêpes dans tout ça!

Patience, mes petits gloutons, j'y viens, mais on a un peu de route à faire avant.

La religion chrétienne à ses "débuts", recherchait surtout à s'étendre, à effacer de façon plus ou moins pacifiques (ahem) et subtiles(re ahem) les croyances la précédent. Et l'un de ses plus beau subterfuge (no offense), et d'avoir réussi à faire coïncider les grandes fêtes chrétiennes avec les rites païens, les effaçant ainsi peut à peu.
Noël et le solstice d'hiver, pâques et le printemps, la chandeleur et les lupercales et l'Imbolc.

Lupercales,Imbolc? Kézako?

Cela remonte à loin, très loin!Très très loin!

Pour les premiers, il s'agit d'une célébration romaine.
The youth of Bacchus, William Adolphe Bouquereau, 1884
Je ne vous dirais pas que mon latin est rouillé (à part les citations juridiques, je n'ai jamais fait de latin). Mais je sais clairement que Lupa signifie louve (et prostituée. Exemple amusant qu'avait choisi en 6éme le prof de français censé nous donner envie d'étudier les langues mortes.)
Les lupercales étaient une célébration de purification, où l'on sacrifiait un bouc en l'honneur du dieu Faunus censé protégé les troupeaux des loups (d'où le nom).
De plus, ce sacrifice se faisait ni plus ni moins que dans la caverne où se terrait la louve qui a élevée Romulus et Remus, les fondateurs de Rome.

En 494, les lupercales furent interdit par le pape Gélase Ier, la remplaçant par la St Valentin (vous vous souvenez, remplacez les fêtes païennes par des fêtes chrétiennes, ni vues, ni connues).

Je vous vois venir. Pourquoi elle parle de St Valentin, je croyais qu'on allait parler de crêpes!
Quelle impatience!

Allonstout d'abord chez nos ancêtres les celtes, et leur traditionnelle fête d'Imbolc!


L'Imbolc est une célébration en l'honneur de la fin de l'hiver, marquant l'avènement du printemps. C'est une fête célébrant la fécondité , le renouveau, et un rite de purification. De grands flambeaux étaient allumés et l'on priait pour que la récolte soit bonne.
Selon les territoires, elle change de forme et d’appellation (la fête de l'ours, celui ci ne quittant sa tanière qu'au printemps; ou du retour de la lumière avec les jours qui rallongent).

De par ce fait, les Imbolc et les Lupercales sont  similaire. Même période de l'année, même thème...

Ces deux fêtes ont évoluées, fusionnées, pour devenir la chandeleur, qui a repris la même signification: une fête de purification. Les torches sont remplacées par des chandelles, la purification de la terre (la déesse mère), par la purification de la Ste Vierge.Et notre bon pape Gélase Ier institua donc la fête des chandelles. Et les crêpes!
En effet, il était de tradition d'offrir aux pèlerins venant à Rome pour cette célébration une de ces fameuses crêpes.

Cependant, l'origine des crêpes remonte bien avant cela.
 Déjà lors des lupercales, les vestales faisaient offrande de gâteaux préparés avec le blé de l'ancienne récolte pour que la suivante soit bonne.
Lors des Imbolcs également, des crêpes étaient confectionnés avec l'excédant de blé, les semailles d'hiver commençant à cette époque.
De par sa forme ronde et sa couleur dorée, la crêpe symbolise le soleil, les jours rallongeant considérablement en février, et devient ainsi un signe de prospérité.




De nos jours, certaines traditions demeurent, dont celle de faire des crêpes bien sur, mais également de les faire sauter en l'air en tenant une pièce dans la main. Histoire de se porter chance et d'avoir les poches bien remplies toute l'année.
(Une autre tradition serait également de conserver la première crêpe de l'année dans une armoire , celle ci nous amenant prospérité pour l'année. Personnellement, je ne l'ai jamais fait, et le plus souvent la première crêpe ne c'est pas retrouvé en haut de l'armoire, mais à sa place naturelle: mon bidon!)

Il existe un nombre incalculable de recettes de crêpes, mais comme je suis une fille sympa, voici la recette que j'utilise.



(Ah le livre de recette de Tante Marie... je l'ai toujours vu trôner dans la cuisine pour la chandeleur, hors de question d'y déroger cette année!)

Régalez vous bien!
A bientôt les gourmands!

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